Alexandre Koltchenko :
« Je
réfute l’accusation de terrorisme. Ceci est un procès fabriqué et motivé
par des raisons politiques. La meilleure preuve est qu’on m’a arrêté
pour avoir endommagé, en tentant d’y mettre le feu, la porte d’un local,
mais cet acte de vandalisme n’a été requalifié en acte de terrorisme
que 10 jours plus tard, soit le 13 mai, quand Afanassiev et Tchirny ont
été obligés de témoigner dans le sens qui convenait à l’enquête. La
formulation de l’acte d’accusation est en elle-même un chef d’œuvre : "A
participé à une tentative d’incendie pour déstabiliser les organes du
pouvoir en Crimée avec le but de faire pression sur le gouvernement
russe pour qu’il accepte de désannexer la Crimée"
Dans
le droit fil de cette logique, les gens qui utilisent un préservatif
pourraient être accusés de vouloir la déstabilisation démographique du
pays et de porter atteinte aux forces armées en empêchant la naissance
de futurs soldats. De même, on pourrait traiter de crime le fait de
critiquer un fonctionnaire, car cela nuirait à l’image du pays sur
l’arène internationale ! On pourrait faire toute une liste de ces
formulations extravagantes !
Pendant
le procès, nous avons pu entendre des témoignages prouvant que Sentsov
et Afanassiev avaient été torturés par des agents du FSB. Et ce sont ces
gens-là qui osent nous traiter de terroristes ?
Tous
ces procès qui ont lieu en Russie, en plus du nôtre et de celui de
Nadejda Savtchenko, ont pour but de prolonger la vie de ce régime, alors
qu’en nous jetant en prison, ce régime rapproche lui-même le moment de
sa fin et ceux qui croyaient hier encore en la justice et l’ordre
commencent à perdre confiance, car ils voient ce qui se passe. Demain ou
après-demain, ce sont vos fameux 86% qui renverseront eux-mêmes ce
régime autoritaire !
Je
voudrais encore ajouter ceci : dans la lettre qu’Afanassiev a écrite
depuis la prison de Rostov et dont Dmitri Dinze a fait lecture ici, on
apprend qu’un agent du FSB lui avait dit "Le jour où tu vas déposer au
procès sera le jour le plus important de ta vie". Apparemment, cette
phrase a frappé son cœur et sa conscience et il l’a interprétée à sa
manière. Je veux saluer le courage qu’il a fallu à Afanassiev pour
prendre la décision de revenir sur le témoignage qu’on lui avait
extorqué.
Je
voudrais également remercier ceux qui nous soutiennent, Oleg et moi. Je
suis d’accord avec les arguments de nos avocats, ils sont justes et
raisonnables : pas question pour moi de demander quoi que ce soit à ce
tribunal. »
Source : http://ukraine2014.canalblog.com/archives/2015/08/20/32509702.html